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Le Pianiste

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Message par Lafleur Jeu 25 Fév - 0:58

Le Pianiste


Introduction

Le couloir paraissait interminable. Les portes n'en finissaient pas, on aurait pu se croire dans un entonnoir. Le stress, la fatigue, les cernes, le travail qui n'en finissait plus. Il croulait sous la passion, il était fier de sa vie, n'avait plus peur de rien, mais son corps ne supportait plus cette vie. Pourtant, au bout du couloir, on l'attendait, il le savait, mais chaque pas était une abomination. La cigarette, son fils, la mort, le piano qui n'en finissait plus. Il croulait sous les applaudissements, il était fier de son oeuvre, n'avait plus peur de rien, mais son piano ne supportait plus ses doigts. Il ralentissait, soufflait. Il le devait, il le savait, après, tout serait terminé. On serait fier de lui, on le vanterait, comme à chaque fois, la dernière peut-être, comme à chaque fois. Le bruit, la musique, le son, la mélodie qui n'en finissait plus. Il croulait sous les notes, il était fier de son rythme, n'avait plus peur de rien, mais ses oreilles ne supportaient plus le public. Il posa sa main sur la poignée, et ouvrit cette porte. Encore quelques mètres. Il voyait son piano, éclairé par la lumière qui allait bientôt l'illuminer à son tour. Le rideau était encore son gardien. Le noir, le rouge, le blanc, les éclairs qui n'en finissaient plus. Il croulait sous les projecteurs, il était fier de son image, n'avait plus peur de rien, mais ses yeux ne supportaient plus cette vision. Il apparu ensuite au public, qui l'accueillit avec un applaudissement de main unanime. Il était très élégant, les cheveux plaqués en arrière, luisants, assez longs. Il s'était fait pousser une jolie barbe qu'il entretenait régulièrement, qui lui donnait une très sereine impression. Les cernes sous ses yeux étaient bien visibles, et les rides de fatigue causée par une vie ensorcelée n'étaient pas masqués. Il repoussa la queue de son smoking, et s'assit doucement sur le tabouret de bois. Ses yeux abîmés parcoururent le clavier qu'il maîtrisait parfaitement. Ses doigts se posèrent délicatement sur les touches de son clavier. Il était déjà dans un autre monde, ignorait le public, s'imaginait déjà mort, son corps étendu sur la scène. Il imaginait le public applaudir le travail de la messagère des Enfers, et sortir de la pièce le sourire au lèvres. Il n'était plus lui-même. Il enfonça ses doigts dans les touches, et cru perdre conscience, mais entamait la mélodie. Il ne s'arrêtait plus, une rage terrible s'empara de lui, et il frappait les délicieuses touches d'une manière si parfaite que lui-même ne s'écoutait plus. Il ne vivait plus, son âme était déjà dévorée par la passion de sa vie.

Les rideaux se fermèrent peu à peu, et les projecteurs s'éteignirent. Ses yeux se fermèrent délicatement. Ses mains survolaient le piano. Personne ne venait le déranger, et il finit par se lever, lorsqu'il n'entendait plus personne dans la pièce. Ses pas claquèrent contre le parquet du plateau. Il ouvrit ensuite les rideaux en tirant sur une corde rouge, et salua le public absent. Il le savait bien, que personne ne serait là pour l'applaudir une dernière fois. Mais il se pencha, et salua. Qui saurait. Personne, il était temps. Il fallait à présent qu'il s'en aille.

Il entra dans l'immense Hall du théâtre. Les composants du public, les spectateurs paraissaient toujours plus ravis de l'avoir vu, toujours plus riches, toujours plus nombreux. Mais une apogée qui paraît sempiternelle doit avoir une sortie de scène discrète, élégante. Quand s'arrêter. Personne ne pouvait plus lui dire de stopper quoi que ce soit. Il rapportait tellement d'argent, les journalistes s'entretuaient pour pouvoir se faire chasser par le Pianiste. Les discutions monotones avec le public cessaient. Il pouvait enfin retourner chez lui, prendre sa voiture, rejoindre son fils, sa femme. Le moteur démarrait, silencieux, comme le Pianiste, qui fumait tranquillement dans sa voiture, la fenêtre ouverte. Il voulait tout plaquer, mais on ne plaquait pas l'implacable.


Dernière édition par Onix le Jeu 25 Fév - 15:25, édité 1 fois
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Le Pianiste Empty Re: Le Pianiste

Message par Lafleur Jeu 25 Fév - 12:06

Les gravillons grésillaient sous les pneus de la voiture, une Audi dernier modèle. Il entrait dans la cour baignée dans le noir, secouée par le vent. Il claqua la portière, ferma les portes, le portail, dans un silence apaisant. Il faisait froid, sa veste en feutre noir le réchauffait à peine, on le voyait trembloter au contact de l'air. Il prit un petit chemin qui menait à l'immense demeure dans laquelle il habitait. Les lumières étaient toutes éteintes, sauf celles du salon qui étaient encore allumées. Sa femme l'attendait, sûrement, il distinguait la silhouette de sa belle épouse à travers la vitre.
Il ouvrit la porte en bois en faisant le moins de bruit possible. Il accrocha sa veste au porte-manteau rouge qu'il détestait, mais que sa femme voulait garder. Il la vit étendue, sur le sofa blanc, endormie. Elle l'avait attendue, mais la fatigue avait triomphé de sa raison. Ses cheveux blonds s'étalaient sur les coussins. Il aimait le salon, c'était une très jolie pièce verdoyante, lumineuse, et exposé à la lumière du jour, orné de tableaux inestimables, et de tapis de différentes origines. Il prit sa femme dans ses bras, sans la réveiller, et la déposa jusqu'à sa chambre, une très jolie pièce aux couleurs rougeoyantes. Il la déposa sur le lit, l'embrassa sur le front, et sortit de la chambre d'une démarche très calme. Il entendit sa femme soupirer de fatigue. La pendule de la cuisine indiquait trois heures du matin, mais il s'en moquait, ce n'est pas la nuit qui lui ferait du vilain. Il sortit d'une grande armoire une bouteille de vodka, et se servit un verre, qu'il vida en deux gorgées consécutives. Il laissa ensuite le verre, rangea la bouteille de vodka, et s'en alla dormir, les idées plein la tête.

Le réveil sonna. Six heures sonnait. Sa femme sourit en le voyant à ses côtés, et l'embrassa.
-Je t'ai attendu, Largo...
Il ne répondit pas, lui adressa un sourire avant de se lever, de s'habiller. Il passa sa main sur son visage, et s'apprêtait à quitter la pièce.
-Qu'est-ce qui ne va pas, Largo? reprit sa femme avec un air perdu.
Mais encore une fois, il esquiva la question, sortit de la chambre en fermant doucement la porte, comme si elle dormait encore. Il prit une douche froide, et s'assit sur une chaise dans le salon. Sa femme le rejoignit, encore toute habillée, elle avait dormit ainsi. Il contemplait le jardin, frappé par une violente pluie. Les nuages étaient gris, son esprit gris. Il tenait dans sa main gauche une tasse de café.
-Laura, je vais apprendre à Marc le piano. Je ne peux pas finir comme ça.
Il parlait pour lui, à voix basse, il broyait du noir, sa femme le regardait, appuyée contre le mur, la tête penchée.
-Je vais apprendre à Marc le piano... répétait-il, toujours aussi bas.
Laura s'approcha de lui, doucement.
-Que dis-tu?
-Je vais apprendre à Marc à jouer au piano.
La femme ne comprenait pas, elle passa sa main dans ses cheveux, elle pleurait en silence.
-Tais-toi, lui dit-elle en sortant de la maison, en claquant la porte.
On entendit une voiture démarrer, et les gravillons grésiller, encore une fois. Largo avait le regard fixe, il se fichait que sa femme s'en aille. Il contemplait le jardin, au fond duquel se trouvait la tombe de son fils, Marc.
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Message par Lafleur Mar 9 Mar - 17:41

... Seul dans sa demeure, Largo s'assit sur son sofa. Il éteignit la lumière, celle-ci lui faisait mal aux yeux. Il sortit une cigarette, mais ses mains moites et vacillantes lui firent rater ses gestes. Il râla, balança son paquet de cigarette, l'écrasa violemment, et s'énerva contre ce dernier en hurlant soudainement. Ce n'était pas très clair, mais son esprit confus et coléreux lui faisait dire n'importe quoi.
...La réussite d'une carrière, ou l'échec d'une vie? Largo et sa haine ne faisait qu'un, il avait à présent une bonne soixantaine d'année, et jamais, dans aucun moment de son existence, il ne fut satisfait. Visant éternellement l'objectif supérieur, la seule joie de cet homme était actuellement de s'affranchir d'un dépit infernal contre un paquet de cigarette.
...Lorsque le tabac fut répandu en miette sur le parquet, il tomba à genoux, et se mit à pleurer, à verser toute les larmes de son corps. Non pas à cause du départ, sûrement provisoire, de sa femme, mais à cause d'une chose invisible qui le rongeait. Largo se leva, ensuite, séchant ses yeux humectés, alla se raser complètement, et sortit de chez lui en se dirigeant vers sa voiture.
-Vie de merde, vie de merde, vie de merde, sifflait-il.
Il entra dans sa voiture, et entendit une fois de plus ces gravillons grésiller sous ses pneus. Il savait où était sa femme, à coup sûr chez ses parents, mais ne s'y rendit pas. Non, sa direction était tout autre. Il lui fallut environ une demi-heure pour se rendre à l'hôpital

(je continue dans la soirée)
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