La dernière heure du malade mental

par **Lafleur** Mar 23 Fév - 14:01

Je n'ai pas été interné ici pour ce que j'ai fais, non, on m'a enfermé ici comme un chien pour ce que je suis. Après tout, c'est bien connu, je suis un chien. On me balance la popotte à travers une grille, comme un sceau d'eau qu'on jetterait sur son copain pour lui faire une farce. Non, mais c'est vrai, je suis malade, j'ai été enfermé pendant dix ans, et maintenant que je suis vieux et encore plus malade, on me pique, comme un clébard dont on aurait marre. "Ta gueule" disait les uns. Comment ne pas croire qu'on est prit pour un chien? Alors je me suis comporté comme un être canin, j'ai effectivement mangé la mâchoire d'une homme. Je crois d'ailleurs que cet homme s'en est sorti, je ne sais pas trop comment. Maintenant, on m'enferme dans une cage, et on me dit que dans une heure, on va m'injecter un truc létal dans les veines. Mais qui est le véritable fautif, dans l'histoire? Le chien ou son maître? Tiens, d'ailleurs, le maître, j'ai bien choisi mon mot. Et merde! Y a des hommes qui deviennent femme, moi on m'interdit de devenir chien! C'est tout de même dingue. Je le vois bien, les gardiens de l'internat, qui me jettent un os pour rire entre eux. Alors moi, je m'énerve, évidemment, sans voir la caméra qui me filmait. Alors après, on passe pour le rebut de la société, on montre ces images à la télé, alors oui, effectivement "Les fous sont dangereux". Mais d'où les gens tiennent ça? De la télé, du piège que l'on m'a tendu, et cela suffit pour eux à dire que je suis un dangereux, que nous sommes des dangereux. Et eux-même sont victimes de leur stupidité, eux-même sont la petite roue de l'engrenage, qui fait marcher la machine de la cruauté, de l'injustice. La solution? Bah c'est évident, on me tue. Vous voulez que je vous dise, quand je suis né, Dieu m'a donné une bosse. Dieu m'a puni. Je ne suis pas allé à l'école, mes parents avaient trop honte de moi, ils avaient honte de ramener leur enfant bossu devant le portail de l'école. Ils refusaient de s'infliger ça, et me cachaient. Au fur et à mesure que le temps passait, je me rendais compte que quelque chose n'allait pas. Mon père, qui à plongé dans l'alcoolisme en voyant son seul fils devenir un bossu, me battait. Il m'insultait, me lançait des bâtons, et me hurlait dessus pour me dire d'aller le chercher. Il m'a même construit une cabane en bois au fond du jardin pour m'y enfermer.

Excusez-moi de l'avoir mordu.